Sciences Po Paris bloquée par des étudiants contre «la dictature macronienne».

«Nous occupons Sciences Po parce que Macron en est sorti, et que nous ne voulons pas finir comme lui». Ainsi s’achève le communiqué de presse rédigé par les étudiants de Sciences Po qui bloquent, depuis hier soir, le bâtiment emblématique du 27 de la rue Saint Guillaume. Réunis en assemblée générale la veille à 21h, une centaine d’étudiants, 250 selon eux, ont voté «à une très large majorité» le blocage reconductible de l’immeuble. Une fois l’AG achevée, 70 personnes sont restés dormir à l’intérieur du bâtiment. Ils manifestent notamment, mais pas uniquement, contre la loi ORE qui réforme l’accès à l’université.

Dans la rue Saint Guillaume ce matin, des étudiants bloqueurs cagoulés se tiennent aux fenêtres. Devant l’entrée, une quinzaine d’étudiants solidaires du blocage distribuent le communiqué de presse. Ils font également monter dans le bâtiment, à l’aide d’un sac attaché à une corde, du ravitaillement. Du pain, des tablettes de chocolat, des fruits et du jus d’orange, pour redonner quelques forces aux occupants de la nuit. De l’autre côté du trottoir, étudiants et membres de l’administration observent la scène.

«S’ils ne voulaient pas intégrer l’élite, il ne fallait pas passer le concours d’entrée» s’amuse une chercheuse de l’établissement. «Personne ne les oblige à passer l’ENA!» Bien au fait de la situation universitaire, ayant longtemps travaillé à l’université de Nanterre, elle suggère en riant que les bloqueurs «privilégiés» de Sciences Po aillent faire un tour dans les universités pour voir la différence, notamment «en termes de moyens et de conditions de travail».

Des étudiants de l’institution condamnent de leur côté le blocage. «On peut évidemment être contre la politique du gouvernement, mais bloquer un bâtiment, c’est prendre les étudiants en otage» regrette Antoine, membre des Républicains à Sciences Po. Lina, représentante des étudiants pour l’association Nova, dénonce la présence «de personnes extérieures à Sciences Po» dans et à l’extérieur du bâtiment. «Ce sont des étudiants de Paris 8 venus soutenir le blocage, confirme l’universitaire citée plus haut. Des étudiants de Sciences Po qui militent auprès d’étudiants de Paris 8, c’est un non-sens total» selon elle.

«Les cours qui étaient prévus dans ce bâtiment ont été reprogrammés ailleurs», indique la direction de l’école. Sciences Po n’étant pas en période d’examens, le blocage de ce mardi ne pose pour l’instant que peu de problèmes logistiques. Des membres de l’administration et de la direction sont à l’intérieur du bâtiment, et dialogue avec les étudiants présents.

Diaporama.