Acte 4 des Gilets jaunes à Paris : une stratégie policière payante.

La multiplication des interpellations préventives a permis, samedi, aux forces de l’ordre de garder le contrôle des rassemblements à Paris, malgré des casses en fin de journée.

Quelques jets de lacrymogènes par-ci. Des insultes ou des « Macron démission » scandés par là. Mais aucune violence comparable à celle du 1er décembre. Samedi 8 décembre 2018 au matin, aux Champs-Elysées, les premières images des Gilets jaunes contrastent avec les scènes de guérilla urbaine de la semaine passée.  Et pourtant, le compteur des interpellations ne cesse de s’affoler à Paris. Affichant 121 à 7h30, il dépasse le niveau de la précédente manifestation dès midi ! Pour atteindre le nombre de 1000 en fin de journée. « Un point d’arrêt a été mis à l’escalade de la violence », s’est réjoui Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

Tel est le résultat de la nouvelle stratégie policière : multiplier les contrôles en amont sur la voie publique, dans les gares et aux péages à l’arrivée des Gilets jaunes à Paris, fouiller leurs véhicules et leurs sacs… Ces vérifications massives, lancées au hasard et autorisées sur réquisitions judiciaires, ont permis d’écarter des manifestants virulents et saisir les objets pouvant servir de projectiles contre les forces de l’ordre ou à commettre de la casse.

« La stratégie a été payante : c’est autant d’objets saisis qui n’ont pas fini sur la tête des collègues, appuie Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du syndicat des cadres de la sécurité intérieure. La doctrine du maintien de l’ordre était sclérosée. L’utilisation de moyens lourds dissuasifs, lanceurs à eau et blindés, a aussi permis de limiter le bilan humain. » 71 blessés ont ainsi été dénombrés, dont 7 parmi les forces de l’ordre, à Paris.

Plus réactives et mobiles, les forces de l’ordre n’ont jamais semblé dépassées. « Ces interpellations préventives ont permis de déstabiliser le mouvement et retarder les premières casses au début d’après-midi », observe Eddy Sid, délégué du syndicat SGP Police.

Pour autant, ces coups de filets n’ont-ils pas ratissé trop large ? « Au milieu de cela, les policiers ont aussi interpellé des profils qui ne correspondent en rien à celui des casseurs. Et cela leur donne encore plus le sentiment qu’on veut les faire taire », note Me Sahand Saber, avocat qui a assisté samedi en garde à vue un employé des pompes funèbres de Périgueux. Inconnu de la police, son client a été interpellé dès 8h30 du matin avec ses amis après un contrôle routier : un fumigène et du matériel de secourisme ont été saisis dans son véhicule.

Parmi les centaines d’anonymes figure un illustre militant d’extrême gauche : Julien Coupat, acteur principal du dossier Tarnac. Il a été interpellé par la DGSI puis remis aux policiers parisiens après la découverte d’un gilet jaune dans sa voiture et du matériel à peinture.

Pour chaque gardé à vue, les enquêteurs vont devoir étayer les soupçons de projets d’actions violentes. Un défi : le nombre de défèrement devant la justice sera un indicateur de la légitimité des interpellations. Source.

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