C’était en 2001. En toute illégalité, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait imposé aux promoteurs immobiliers de réserver une part de logements sociaux dans les opérations résidentielles neuves. Quelques années plus tard, la pratique était banalisée, officialisée et intégrée au plan local d’urbanisme de la capitale. Le seul moyen pour des ménages modestes d’y habiter. A Paris, entre les loyers du secteur social, environ 7 euros par mètre carré par mois, et ceux du privé, l’écart est au moins du triple.
Depuis 2014, Anne Hidalgo inaugure régulièrement des résidences locatives sociales. Au 45-47 avenue du Maréchal-Fayolle, dans un 16earrondissement traditionnellement peu accueillant pour ce type de voisinage, elle a célébré ce jeudi 31 janvier 2019 le record de 100.000 logements financés depuis l’arrivée de la gauche à la mairie. « Financés ne veut pas dire construits, mais ils le seront, les opérations prennent du temps, plus de dix ans parfois, mais nous sommes pugnaces », précise Serge Contat, le directeur général de la RIVP, l’un des grands bailleurs de la ville.
Le pourcentage de logements sociaux est ainsi passé de 13,1 % en 2001 à 20,5 % en 2017 sans que les Parisiens ne le remarquent : les immeubles sociaux ressemblent aux autres et se fondent dans le paysage. « Nous ne sommes pas au bout de nos efforts pour parvenir à 25 % en 2025, comme l’impose la loi SRU, précise Ian Brossat, l’adjoint de la maire chargé du logement, de l’habitat durable et de l’hébergement. De plus, nous avons aussi pour ambition de recréer de la mixité sociale dans les arrondissements déficitaires ».
Au total, la ville consacre environ 500 millions d’euros pour soutenir la création de ces logements qui couvrent toute la gamme, y compris des chambres en foyer et pour étudiants. Ce montant est critiqué par l’opposition. Elle souligne qu’un tiers des « nouveaux » logements correspondent en réalité à la transformation d’immeubles déjà existants : la ville a commencé par transférer son parc privé à ses bailleurs et rachète également des immeubles entiers, parfois au prix fort, jusqu’à plus de 7.000 euros par mètre carré. Un prix banal à Paris, mais impossible à amortir pour des sociétés d’HLM seules.
Malgré le fort soutien politique, le rythme sera difficile à tenir. Les terrains sont de plus en plus rares. Paradoxalement, le rachat et la transformation de bâtiments de bureaux, d’activité… risquent de coûter encore plus cher. Catherine Sabbah. Source.
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