Retraites : les avocats de Seine-Saint-Denis font un haka, « la danse des guerriers ».

« Belloubet, ta réforme, non, non ! Avocats au combat aaaah ah ! » : avec la même rage que les All Blacks, une cinquantaine d’avocats ont fait un haka mercredi 22 janvier 2020 sur le parvis du tribunal de Bobigny pour dire leur colère face à la réforme des retraites. En appui sur leurs genoux, chauffés à blanc par un homme au mégaphone, ces avocats de Seine-Saint-Denis –deux traits tracés au noir sur leurs joues, écharpe rouge sur leur robe– ont repris la célèbre danse rituelle des guerriers maoris pratiquée par l’équipe de rugby de Nouvelle-Zélande, frappant leurs genoux, leur torse, leurs coudes. « On lâche pas, on lâche pas, non ! », ont-ils lancé devant la presse pour cette nouvelle action, une parmi d’autres organisées ces derniers jours par les avocats, en grève depuis trois semaines contre la réforme des retraites. « Les avocats sont toujours mobilisés, le haka c’est une danse de guerrier, c’est symbolique, c’est pour montrer qu’on va combattre jusqu’au retrait du projet », a déclaré à l’AFP Meriem Ghenim, avocate affiliée au SAF, le syndicats des avocats de France.

« En Seine-Saint-Denis, 70 % de la population est éligible à l’aide juridictionnelle. Or l’Etat ne va jamais augmenter le montant de l’aide juridictionnelle, comme il le fait avec les enseignants en augmentant leurs salaires. Il n’y aura pas pour les avocats de mesure compensatoire », a expliqué Me Yves Tamet, ancien bâtonnier de Seine-Saint-Denis. Cette réforme repose sur « le principe qu’un avocat qui vient de commencer gagnerait 42.000 euros par an, ce qui n’existe pas. A cet âge-là, le revenu médian d’un avocat est de 25.000 euros », a-t-il ajouté. « Les avocats de Seine-Saint-Denis sont aux premières loges des catégories sociales les plus pauvres et les plus populaires (…) tous ces avocats vont devoir fermer leurs cabinets si la réforme des retraites passe », a surenchéri Raquel Garrido, avocate et cheffe de file de La France insoumise aux municipales de Bagnolet.
La semaine dernière, une centaine d’avocats du barreau de Seine-Saint-Denis avaient installé tentes, matelas et duvets dans les salles des pas perdus du tribunal de Bobigny pour protester contre la réforme.

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