L’histoire remonte au 17 novembre 2017. Gérard Filoche, figure de l’aile gauche du Parti socialiste, publie, sur son compte Twitter, une photographie à caractère antisémite. On y voit Emmanuel Macron, affublé d’un brassard où un dollar a remplacé la croix gammée, surplombant un globe terrestre, légendé « En Marche vers le chaos mondial ». Le militant est clair : au moment où il a posté le tweet, il n’avait pas fait attention au second plan, la source de la polémique. Les visages de trois personnes de confession juive (Jacques Attali, Jacob Rothschild et Patrick Drahi) y sont représentés, accompagnés des drapeaux américain et israélien.
Gérard Filoche ignorait également que le photomontage provenait du site Égalité et Réconciliation de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, condamné plusieurs fois pour antisémitisme. En fait, il n’a fait que sélectionner l’image dans un dossier, constitué par ses soins, qui regroupe « tous les montages qui concernent Emmanuel Macron ». Une sorte de collection. Trente minutes à peine après la publication, il reçoit un appel de son fils, paniqué. Réalisant ce qui vient de se passer, le ponte du PS supprime son tweet sur-le-champ. Trop tard. La sanction est immédiate. Rachid Temal, alors coordinateur du Parti socialiste, réagit, sur Twitter lui aussi, en annonçant l’exclusion du parti de Gérard Filoche.
Ce 11 avril, c’est devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris que Gérard Filoche devra se défendre. Et, pour l’occasion, le militant publie Contre le racisme et l’antisémitisme, un manifeste qu’il présentera au juge. « Malgré l’injustice du procès, je vais essayer d’expliquer à tout le monde, puisque l’occasion m’en est donnée, que j’ai toujours combattu ce que l’on me reproche aujourd’hui. Je ne suis pas quelqu’un de passif. On me convoque, je vais me défendre ». En savoir plus sur le Point.