Logement social, appartements vides, régulation d’Airbnb… les propositions des candidats à Paris.

A six semaines du premier tour des élections municipales, la fondation Abbé Pierre interpelle les candidats à la mairie de Paris sur la question cruciale du mal logement. Anne Hidalgo, la maire (PS) sortante, Benjamin Griveaux (LREM), Cédric Villani (ex-LREM), Danielle Simonnet (LFI) et David Belliard (EELV) ont présenté leurs propositions devant près de 2000 personnes -selon les organisateurs- rassemblées ce vendredi 31 janvier 2020 dans la Grande Arche de La Défense. Ces tables rondes se sont déroulées après la présentation du 25e rapport de la fondation sur l’Etat du mal logement. Rachida Dati, la maire du VIIe, et prétendante LR à l’hôtel de Ville, a annulé sa venue.

Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, s’est engagée à atteindre « 25% de logements sociaux en 2025 », un objectif atteignable puisque le taux est de 23,6 aujourd’hui contre 13% en 2001. « Pour casser la spéculation immobilière », la maire de Paris a également promis de maintenir l’ encadrement des loyers et de mettre en place un service public d’accompagnement des locataires « pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits ».

Cet objectif passe aussi par une régulation du marché des plate-formes de location saisonnière avec un abaissement du seuil autorisé à 30 jours au lieu de 120 jours. « 60 000 logements échappent ainsi aux Parisiens et je veux leur proposer un référendum sur les règles du jeu », a-t-elle indiqué. Anne Hidalgo a également critiqué ses adversaires, comme David Belliard ou Danielle Simonnet, qui ne veulent plus de grands projets d’urbanisme. « Il ne faut pas figer la ville et accepter qu’elle se transforme », a-t-elle lancé.

Danielle Simonnet (La France Insoumise), pour faire baisser les loyers, souhaite que la mairie de Paris puisse récupérer la compétence permettant de fixer le loyer de référence. Elle veut mettre la pression sur l’Etat avec un référendum d’initiative citoyenne sur la réquisition des logements vides : « On pourrait ainsi remettre sur le marché de la location les 110 000 logements vides au lieu de bétonniser la moindre friche. » La candidate Insoumise promet de créer 60 000 logements sociaux (principalement des PLAI et PLS) pour atteindre le seuil de 30% d’ici à la fin de la mandature. Elle veut accélérer la rénovation thermique des bâtiments et propose de mettre en place « un conseil des habitants sur le logement social » ainsi qu’« un service public sur les punaises de lit ». Pour lutter contre Airbnb, elle veut doubler le nombre d’agents de la ville chargés de contrôler la légalité des meublés touristiques.

Cédric Villani (exclu mardi de la République en Marche) veut s’attaquer à « l’immense réservoir » des 240 000 logements vides ou occupés épisodiquement. Il propose de créer pour les logements vacants « une fiscalité renforcée en faisant passer le coefficient de 1,6% à 2%. Et de proposer des outils pour rassurer les propriétaires qui craignent de louer leur résidence secondaire. Il promet d’atteindre 25% de logements sociaux en 2025, en créant notamment plus 25 000 logements sociaux dans les Xe, XIe, XIIe et XVe, essentiellement par le biais de la préemption et 5000 logements en accession grâce à un office foncier solidaire créé à l’échelle métropolitaine.

Le député de l’Essonne propose aussi de réserver 20% des nouveaux logements sociaux aux SDF pour leur offrir durablement un toit. Hostile à la densification de la ville, il propose de créer ces nouveaux logements par le biais de la préemption et de la régulation des plateformes saisonnières, grâce à l’abaissement du nombre légal de nuitées.

Benjamin Griveaux, le candidat de la République en Marche, a fait une proposition en faveur des SDF. Il s’est engagé à demander à l’Etat de lui « confier la compétence de l’hébergement d’urgence pour trois ans et de faire un bilan à l’issue de cette période ». « Avec moins de bureaucratie et une plus grande autonomie pour les associations, on répondra mieux à la demande », a-t-il expliqué.

« Aujourd’hui, les hôtels sociaux sont une honte et il est indécent d’héberger les gens dans ces conditions », a critiqué l’ancien porte-parole du gouvernement. S’il promet de respecter l’objectif des 25% de logements sociaux, il refuse d’aller au-delà comme la plupart de ses adversaires politiques. Favorable à la reconversion d’une partie des bureaux vides, il a critiqué la densification des quartiers populaires. Et proposé de dépasser « les cadres institutionnels » pour travailler sur des projets de logements avec les départements voisins « qui ont les mêmes problèmes que les Parisiens ».

Quant à Airbnb, il ne souhaite pas abaisser le seuil de nuitées autorisées pour les propriétaires qui louent leur résidence principale, mais promet de faire la guerre à ceux qui font de la location touristique un commerce.

David Belliard, le candidat écologiste, promet d’atteindre 25% de logements sociaux en 2025 et vise 30% en 2030. Face à la spéculation immobilière et à l’explosion des loyers, il préconise la régulation du marché et appelle « au blocage des loyers » tout en promettant de financer les associations comme l’Adil chargées d’orienter et de conseiller les locataires.

Plutôt que de construire, il propose de préempter en ciblant en priorité les passoires thermiques et les immeubles occupés par des habitants modestes et en transformant les bureaux vides ou obsolètes en logements. Critique sur « la politique de densification menée par la majorité municipale » dont il fait partie, il a promis d’« accroître les espaces de nature en ville pour lutter contre les pics de pollution que connaît la capitale ».

Et promis de consacrer 100 hectares sur les 250 hectares de friches ferroviaires à la création d’espaces verts. Pour renforcer la lutte contre les meublés touristiques illégaux, il propose de porter les effectifs de la brigade chargée des contrôles à une centaine d’agents et baisser le seuil légal à 30 jours.

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